Bertolt Brecht écrit une pièce qui retrace l’histoire du Danemark, de la Suède et de la Norvège au XIVe siècle. La dernière fois, nous avons saisi le narrateur prenant conscience de sa vocation d’écrivain. Nous assistons maintenant à une leçon d’écriture, immergés dans le processus de stylisation propre au drame historique, commun, probablement, à toute invention poétique ou dramatique fondées sur une documentation, faits et personnages trop nombreux, à resserrer dans l’espace intelligible d’une pièce, d’un poème. Mais pour que l’invention de la pièce se produise il faut inventer l’histoire, cette histoire des historiens, se faire historien à son tour, la comprendre, l’interpréter par les voix et les yeux de ceux qui en sont les acteurs.
Ce mardi, donc, on voyage dans le temps avec Albrecht de Mecklembourg, l’envoyé des pays de la Hanse, la puissance d’Allemagne du nord, et avec l’affairiste Grip, les aristocrates divisés, les peuples dominés et grondant, l’essor de l’exploitation minière, avec la reine Marguerite battant et humiliant Albrecht - on voyage dans les trois pays du nord qui vont, en fin de lecture, en 1397, sceller leur union, dite de Kalmar - en une heure, en une vie, un retournement complet.