Encore la nuit ou l’aube, rêve ou éveil, rêve éveillé ou rêverie, je vois les rues de Paris pleines de manifestants furieux et calmes qui avancent irrésistiblement, les rideaux de policiers reculent.
Colères forte, idées claires, on sait qui sont les fauteurs de misère, ceci combiné à cela donne dans l’air plus silencieux des rues noires de foule, sans voitures, une rumeur claire, métallique, dense tellement elle est occupée de résolutions partagées et non dites. On n’a plus besoin de mots, on y va.
La spéculation est un crime. Toujours.
Camions et bus grillagés, hommes en face de nous bleu marine, tenues spectaculairement offensives, offensantes, défendent la Bourse, le palais de l’Élysée, les monuments du pouvoir visible. Ils ont peur. Ils doivent céder au piétinement résolu d’une foule serrée, implacable, un petit pas en avant, l’un après l’autre, une masse de combien de centaines ou milliers de tonnes ?
Soudain ce poids s’allège, les derniers rangs ont disparu, où sont-ils ? Hors de portée de la police coincée par les manifestants, dans les rues libérées et vides des groupes de cent, deux cent personnes ont monté vite les marches des sièges sociaux des grandes banques, parcouru les couloirs et les salles aux cris de « On arrête tout ! », sont entrés dans les bureaux directoriaux, les maîtres sont prisonniers et les salles de marché reçoivent l’ordre de cesser immédiatement toute spéculation.
Information immédiate sur les télévisions du monde entier, etc.
Je note ce rêve et fais la liste des cinq grandes banques : BNP, Crédit agricole, Société générale, Natexis, Banque postale. Mais leurs sièges sociaux sont dispersés : Montrouge, La Défense, neuvième arrondissement, quartier de la gare de Lyon, rue de Sèvres. Et pas vraiment tous dans la trajectoire des lieux du pouvoir politique. Ce rêve était géographiquement idiot.
Journal de la crise de 2006, 2007, 2008, d’avant et d’après, effondrement jour après jour.
Publication intégrale de 2006 sur le site de Laurent Margantin, Œuvres ouvertes : voir la présentation et le sommaire avec les liens directs vers les épisodes parus.
On trouve l’édition définitive de ce premier volume, 2006, chez publie/net (papier et numérique) ; la version papier se commande en librairie.
Quelques-unes de mes sources.