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11 octobre 2016 | « j’étais totalement livré au processus de l’écriture »

dimanche 9 octobre 2016, par Laurent Grisel

  Nous assistons à la naissance d’un écrivain, le narrateur, ce jeune ouvrier autodidacte, assoiffé d’art et de littérature, relisant et regardant toutes les œuvres du point de vue des opprimés, de leur émancipation, passé de la résistance au nazisme à Berlin, an 1937, aux brigades internationales, en Espagne, à la Suède neutre qui coopère avec la police politique nazie, et ici, à Stockholm, apprenant la langue du pays, son histoire, travaillant pour les communistes dans la clandestinité, travaillant, simple collaborateur, mais yeux grands ouverts, parmi gens de théâtres et militants, à la documentation des prochaines pièces de B. Brecht.

  Pour commencer nous entendrons la fin de la discussion entre Ström, le politicien social-démocrate, et Rogeby, le marin communiste, histoire des divisions au sein du mouvement ouvrier, création, même, de deux partis communistes, le choix entre les accommodements avec la bourgeoisie et, en définitive, le concours à son sauvetage, ou la minorité impuissante. Les hésitations, les scissions et les réunions, les allers-retours se répètent. Et soudain le narrateur ne transcrit plus seulement les propos, il les prévoit, il entend les voix, il anticipe et écrit ce que serait cette cette conversation si elle était continuée : c’est le moment où naît l’écriture qui est plus qu’une simple notation des dits et des événements.

La mise au point des notes prises lors de ces conversations se fit comme sous la dictée d’un chœur. Je n’entendais pas que la voix de Rogeby, de Ström mais les voix de tous ceux qui avaient été évoquées, qui avaient surgi et se précisaient maintenant. J’entrepris ma nouvelle activité comme un chroniqueur qui restituait la pensée d’une communauté. Des livres rapportés des bibliothèques étaient empilés sur ma table, je complétai ce que je n’avais entendu formuler qu’à demi-mot. Au début je ne trouvais que de simples indications qui, à peine visibles, se dressaient dans un taillis, mais à partir de là on pouvait procéder à des arpentages,, établir des liens qui me fournissaient une notion approximative de vastes secteurs inconnus jusqu’à présent. Désormais, j’étais totalement livré au processus de l’’écriture, je devais enregistrer des impulsions, des déclarations, des images remémorées, des instantanés d’actions, tout ce qui avait précédé n’était qu’un exercice préparatoire, tout ce qui avait été incertain, éclaté, ambigu, tous les monologues fiévreux servirent de table d’harmonie à me pensées et réflexions. (...)
L’Esthétique de la résistance, vol. II, pp. 322-323.


  Et il reprend l’histoire du révolutionnaire de 1434-1436, Engelbreckt, là où B. Brecht l’avait laissée, il écrit la fin de la pièce, nous la lisons.




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