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Mercredi 19 février 2020 | Pour l’emporter, aujourd’hui...

lundi 30 mars 2020, par Laurent Grisel (Date de rédaction antérieure : 19 février 2020).

Version légèrement modifiée et augmentée d’un éditorial du site associatif d’information YonneLautre. Des réflexions sur quelques victoires de ces dernières années dans les luttes contre les destructions de la nature.
On peut se demander si les facteurs de succès identifiés ici ne pourraient pas être transposées dans les luttes sociales et politiques à venir.


***

  L’aéroport « indispensable pour le développement économique » de Notre-Dame des Landes, abandonné.
  Le barrage « indispensable pour les productions agricoles » de Sivens, abandonné.
  L’« indispensable » autoroute A45, de Lyon à Saint-Etienne, abandonnée.
  Ces dernières années, du côté des luttes contre les destructions de la nature, nous avons remporté quelques victoires.
  Ces luttes et ces victoires ont au moins trois points communs :
  1. Un dossier irréfutable qui démontre l’absurdité économique, la bêtise technique, la gravité des dommages environnementaux et qui montre des alternatives simples et crédibles. Les compagnies aériennes et les clients fuiraient un aéroport loin de tout, les pistes vont s’enfoncer dans le sol, il suffit de mettre à jour l’aéroport existant...
  2. Des actions visibles, massives et si possible empêchantes. ZAD ou pas, toutes les forces locales, des paysans, des propriétaires de terrain aux écolos de la ville d’à côté en passant par les jeunes heureux et déterminés venus des pays voisins manifestent, bloquent les routes, poursuivent les meneurs dans leurs réunions publiques, etc.
  3. Des actions juridiques bien conduites.
  On n’est jamais sûr de gagner, y compris en réunissant ces trois conditions. Mais on est pratiquement sûr de perdre si on n’en réunit qu’une, ou deux, sur les trois. Pour l’emporter, il faut les réunir.
  C’est caractéristique de notre époque. L’époque changeant, dans le futur d’autres conditions s’imposeront, nous devrons adapter nos méthodes. En attendant, il nous faut les comprendre. C’est nécessaire, quelle que soit la dimension de la lutte, grande, moyenne ou petite.
  Pourquoi ? Pourquoi les projets sont-ils inutiles, bêtes et dangereux ? Parce que l’espace est trop petit en proportion des moyens de destruction disponibles ; parce que la logique de croissance impose d’artificialiser les dernières zones humides, les derniers prés verdoyants ; parce que la financiarisation de l’économie et la garantie de l’État servile autorisent et encouragent la folie entrepreneuriale.
  Pourquoi devons-nous toujours produire un dossier technique fondé, précis et complet ? Parce que la vérité est convaincante et que pour gagner nous devons entraîner largement avec nous toutes les personnes de bonne foi ; parce que les alternatives dessinent un monde vivable et désirable et que l’urgence impose d’imaginer et construire ce futur dès maintenant.
  Et le droit est important. Il faut faire vivre ce qu’il reste de droit. Ce droit est en fait l’accumulation, la sédimentation d’une quantité de luttes, depuis des décennies, qui ont démontré la justesse et la justice du principe de précaution et d’autres, qui ont produit jurisprudences, lois et règlements. C’est pour nous un principe de solidarité et de continuité : nous devons faire vivre ce legs, le consolider et l’enrichir.
  Réunir ces trois conditions, techniques, juridiques et de large union dans la lutte, induit l’union de cultures politiques, intellectuelles qui se présentent pourtant à nous comme adverses : tous les agriculteurs impliqués ne sont pas « bio » ; les lutteurs locaux et de longue date doivent accueillir des nouveaux qui vont et viennent ; les rêveurs d’avenir sont au coude à coude avec les conservateurs des paysages hérités d’un très lointain passé, etc.
  C’est ce défi qui a été relevé si souvent maintenant, en alliant, pour toutes les forces rassemblées, sens pratique et générosité. Cela exige de surmonter les querelles de légitimité. Cela demande à la fois beaucoup de soin des uns et des autres, le sens de l’urgence et du caractère gigantesque des enjeux, beaucoup de réunions, de concertation, d’écoute, d’invention, beaucoup d’astuce aussi dans l’affrontement, non seulement des stratégies fermes et évidentes aux yeux de tous mais aussi le vrai sens tactique que donne la connaissance indigène des lieux et des gens. Manifestement, tenir tout cela ensemble et l’emporter, c’est possible.




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