Peut-on traduire la poésie ?
Oui. Et on le doit.
Pour ne parler que du XXe siècle, que serions-nous sans Ossip Mandelstam, sans Vladimir Holan ?
C’est possible de traduire parce que toutes les langues chantent, sont constituées de syllabes, projettent dans leur course des ombres sur le côté.
Et que ces ombres sont humaines et inhumaines. Et qu’elles le sont toutes pour nous tous. Alors on s’entend, on transcrit, on réinvente.
Traduire est une grande joie. C’est l’une des meilleures manières d’apprendre, comme les peintres ont le Louvre, les Offices, ou une reproduction sur une carte postale en noir et blanc.
Et c’est une des meilleures façons d’entendre ce qu’il y a d’étranger dans la langue.
La fréquentation d’une poésie étrangère pousse-t-elle un poète à renouveler sa propre écriture ou au contraire renforce-t-elle son identité ?
Les deux !
Quels sont les poètes espagnols qui ont attiré particulièrement votre attention ?
Saint-Jean de la Croix, source d’inspiration et de courage.
La confrontation de poésie et de prose que sont La nuit obscure et son commentaire, la beauté jamais diminuée mais grandie dans cette confrontation, ce sont toutes les portes qui sont ouvertes d’un coup et qui continuent de battre au vent. Toutes inventions de la raison raisonnante et de l’imagination spéculative, et toutes inventions de récit ont soudain accès aux présents superposés des poèmes. Ce qui est devant nous est énorme. Toutes les poésies peuvent être écrites.
Réponses à un questionnaire espagnol ; lire les autres questions.