En effet, pour qu’une œuvre atteigne notre sensibilité, qu’elle nous amène à reconsidérer ce qu’on croyait savoir, et voir, et sentir - pour qu’elle nous transporte - il faut que l’on comprenne, ou, au moins, qu’on devine ne serait-ce qu’un peu de quoi il s’agit.
Il n’est pas du tout nécessaire de tout comprendre à la première lecture.
Mais si on ne comprend pas un peu, alors on n’est pas touché – et on ne lira pas une seconde fois, une troisième, une dixième fois.
Aussi, n’hésitez pas à prendre un dictionnaire et relire ensuite. Après tout, c’est plaisant.
Un bon poème c’est un poème qui se lit plusieurs fois, indéfiniment, et qui provoque un choc à chaque fois.
Quand on découvre la poésie, on peut préférer les poèmes courts : on a l’impression d’avoir « moins de travail » à faire. Et on les relit, sans même s’en rendre compte, plusieurs fois assez vite – de sorte que leurs harmonies restent plus longtemps à l’esprit et qu’elles ont le temps de nous remuer.
Il se peut qu’ensuite on aille chercher des poèmes plus longs pour trouver d’autres sortes de rêveries et de voyages.
Mais si on pense que « ce poème » (ou « ce tableau », ou « ce film ») « n’est pas pour moi » ou « n’est pas de mon âge », on risque fort de ne jamais pouvoir le rencontrer. La lecture (l’écoute d’une musique, etc.) est une forme de rencontre et celle-ci se passe mieux si on y va avec curiosité et goût de la surprise.
L’inverse est vrai aussi. Quand on écrit un poème « pour », par exemple « pour les enfants » ou « pour les artistes », il vaut mieux se tromper de « pour » : le poème n’en sera que meilleur.
Il m’est arrivé d’écrire un poème « pour les autres écrivains, les sociologues et toutes personnes intéressées par les relations entre la création artistique et la société », ce poème, c’était La nasse.
Heureusement, je me suis trompé. Je ne dis pas qu’il est facile, mais nous nous sommes rendu compte, au travers de lectures un peu partout y compris dans des lycées, que ce poème pouvait parler à tout le monde.
Je ne crois pas qu’un poème doive être difficile à comprendre. Certains poètes le croient ou font comme si… Je n’aime pas cela car, quand c’est systématique, c’est qu’on cherche à impressionner les gens. Et cela me fait le même effet que si une brute voulait m’empêcher de circuler librement dans la rue.
Mais il n’est pas vrai non plus qu’un poème doive toujours être « facile à comprendre ». Il y a tout de même des choses difficiles à comprendre, dans la vie. Pourquoi la poésie devrait-elle s’empêcher d’en parler, pourquoi serait-elle autrement ?
La poésie est facile et difficile.
Et même une poésie apparemment facile – c’est le cas de La cascade, de Kim Su-yong, je suis bien heureux de ce que vous m’en dites – peut cacher quelques secrets.
Ou, plus exactement, doit pouvoir être lue de plusieurs façons différentes.
Les questions posées :
Bonjour, j’ai bien aimé les textes de KIM Su-Yong car il arrive par ses textes à nous toucher au plus profond de notre être à cause de sa façon de décrire le monde mais je n’ai pas du tout aimé la plupart des autres poètes où on a l’impression, en lisant leur texte, d’un ramassis de mots avec peu de signification.
Pierre, classe de troisième.
(…) nous avons, en général beaucoup aimé. Cependant, nous ne pensons pas avoir pleinement profité des textes, car le sens de certains mots ne nous était pas très clairs, bien qu’ils nous semblaient très beaux..
Nous avouons ne pas nous intéresser particulièrement à la poésie mais nous avons été touchées par certains textes (...)..
Charlène et Daphné, classe de troisième.
Sur certains d’entre eux nous arrivons à comprendre ce que veut dire l’auteur par exemple sur l’ennemi (1) où l’auteur veut faire comprendre que nous avons tous des ennemis en nous et ils ne partiront pas de si tôt.
Quentin et Romain, classe de troisième.
Questions posées, avec d’autres, par les classes de Madame Caroline Schuhmann-Lepley, collège E. Herriot, dans le cadre d’une résidence organisée par Cathie Barreau et Guénaël Boutouillet.