Samedi 13 juillet, à partir de 17h00, je lirai plusieurs contes de Nakajima extraits du recueil Histoire du poète qui fut changé en tigre.
Cette lecture est organisée par la délicieuse et délectable librairie Le millefeuille à Clamecy. La lecture aura lieu dans la galerie de l’office du tourisme, en haut de la ville, rue du grand marché. Les livres de Nakajima seront disponibles sur place.
Nakajima Atsushi, né en 1909 à Tokyo, mort à l’âge de 33 ans, occupe dans la littérature japonaise moderne une place singulière, auréolée de légende : personne n’écrit comme lui, personne n’a vécu comme lui, personne n’est à ce point admiré et méconnu. Comme lui, il s’est nourri de textes anciens ; élevé dans une famille de lettrés confucianistes devenus professeurs, il pratique les Classiques chinois, maîtrise le kanbun ou sino-japonais, qui est à la fois le grec, le latin et, pour une part mêlée intimement à la « langue nationale », l’ancien français des humanités japonaises. Il passe une partie de son adolescence en Corée sous occupation japonaise, enseigne le japonais à un militaire anglais, cite François Villon ou Rimbaud en français, s’intéresse aux découvertes archéologiques, à l’égyptologie et à l’assyriologie, lit Hérodote avec des notions de grec, lit Spinoza en anglais et en latin – et toute la philosophie en lectures parallèles où Platon côtoie Confucius, où Pascal et Tchouang-tseu sont aimés de concert, et ni Pyrrhon, ni Amiel ni les kôans Zen ne sont oubliés ; il traduit en japonais Pascal et Spinoza’s Worm d’Aldous Huxley.
À 31 ans, il lit toute l’œuvre de Stevenson et s’inspire des lettres de Vailima pour écrire La Mort de Tusitala, son premier roman achevé quelque temps avant de partir pour l’archipel des Palaos. L’Agence coloniale des mers du Sud lui avait confié la mission de rédiger des manuels de japonais à l’usage des indigènes. Sans illusion sur sa mission officielle, il n’aura passé finalement que huit mois dans les îles Palaos, du 6 juillet 1941 au 4 mars 1942 ; le climat ne lui vaut rien, la guerre du pacifique se prépare, elle éclate. Il est à bout de forces quand il rentre au Japon. La plus grande partie de son œuvre est pourtant écrite dans les neuf mois qui suivent. Il meurt le 4 décembre.
(Extrait de la postface de Véronique Perrin.)
Seront lus :
– Monts et lunes, Histoire du poète qui fut changé en tigre - le conte qui donne son nom au recueil - trop tôt pour en dire plus (on souhaite que vous soyez surpris comme le fut le censeur impérial Yuan Can, quand un tigre féroce, aux derniers rayons de la lune, bondit du milieu d’un fourré) ;
– Possession - l’une des dix mille et une manières de raconter l’inventions de la fiction - ici, au temps des cités lacustres, l’histoire de Shakh, poète malgré lui qui se rendit compte mais trop tard de ce qu’il en coûte de porter la parole des faibles et de faire rire aux dépens des puissants ;
– Le maître fabuleux - probablement la dernière œuvre de Nakajima - où l’on apprend comment Ji Chang devint le plus grand virtuose de tir à l’arc sous le ciel.
Venez nombreux et en famille, ce sont des merveilles pour tout le monde.
Les traductions de Nakajima Atsushi en français sont toutes de Véronique Perrin. Elle est également traductrice de Furui Yoshikichi.
Les contes et nouvelles de Nakajima sont parus aux éditions Allia en trois volumes :
– Histoire du poète qui fut changé en tigre et autres contes ;
– Trois romans chinois ;
– Le mal du loup.
Son roman, La Mort de Tusitala est paru chez Anacharsis.
Lire aussi :
Sous les arbres pieuvres, le dernier texte de Nakajima - un manifeste en faveur de la liberté de création écrit en 1942, en pleine guerre, en pleine période d’embrigadement.
De Dominique Dussidour,
– sur Histoire du poète qui fut changé en tigre ;
– sur les rapports entre Nakajima et Stevenson ;
– sur La Mort de Tusitala et les Trois romans chinois.