La ballade continue dans Paris et sa proche banlieue, jusqu’à Saint-Ouen, dans un camp de bohémiens. Le personnage principal de cette séquence est Münzenberg, un personnage historique oublié aujourd’hui, compagnon de Lénine, inventeur des stratégies d’influence dans le monde intellectuel qui sera finalement écarté de la direction du Parti communiste allemand, qui rompra avec Staline, qui mourra dans des circonstances toujours pas éclairées, en octobre 1941, à Chambaran, près de Lyon.
Nous entendons l’enfance de Münzenberg, en opposition à un père violent, puis apprenti dans les conditions les plus dures, sa découverte des arts et des idées dans une organisation de jeunesse ouvrière du parti social-démocrate allemand, puis le début des années 1910, à Zurich avec Lénine, réfugié en territoire neutre pendant la guerre, l’isolement des révolutionnaires qui ont refusé de voter les crédits de guerre.
Et c’est à Zurich, justement, qu’à lieu une autre révolution, artistique celle-là, le mouvement Dada. Coïncidence : les uns et les autres sont dans la même rue, la même ruelle, la Speigelgasse. Plus qu’une coïncidence, selon le narrateur, les deux faces d’un même bouleversement. Mais croire cela c’est s’opposer aux politiciens (sociaux démocrates comme communistes) pour lesquels la seule chose qui compte est la réalité, « et par "réalité", ils entendaient uniquement la réalité extérieure ».
Nous participons aux débats, nous sommes avec Lénine dans son petit logement, nous préparons, dans un temps où personne ou presque n’y croit, pas même n’y pense, la toute prochaine révolution.