Avec le narrateur nous nous installons, à Cueva La Potita, près d’Albacete, à l’arrière du front, où sont reçus les blessés des Brigades internationales, de l’armée républicaine espagnole. Le médecin-chef est Hodann, qui fut le mentor du narrateur et de ses camarades, dans leurs années de jeunesse, à Berlin. Le narrateur découvre que l’homme qu’il admire souffre d’asthme et qu’il lutte pour survivre. Rien ne ressemble à ce qu’on espérait. Il y a de piètres voleurs parmi les héros. Surtout, on découvre la violence et la profondeur de l’affrontement entre anarchistes et staliniens. Soigner les esprits est plus important encore que de soigner les corps. Mais comment faire, si l’abattement qui suit le retrait des combats se conjugue à la torpeur et à l’abattement nés de l’autocensure ? Hodann fait tout pour instaurer partage des connaissances et libre discussion. C’est « une entreprise dangereuse » qui « pouvait très bien le faire soupçonner de vouloir diriger le débat pour des motifs anarchistes ou bourgeois et libéraux ». Le commissaire politique, Diaz, s’y oppose. Münze, ouvrier typographe, originaire d’une petite ville près de Brême, éveille la sympathie du narrateur ; il insiste : « la libération ne peut pas nous être donnée, nous devons la conquérir nous-mêmes » Pour Münze comme pour Hodann, s’inquiéter des hommes d’aujourd’hui et des hommes du futur c’est tout un. Mais Hodann, tout en agissant pour créer des espaces de liberté, cherche à les protéger d’un affrontement. Il cherche aussi une vérité qui serait fidèle à ce qu’il sait de l’Histoire et qui unirait tous ces hommes. C’est un Ulysse. Ses ruses sont des vérités troublantes, dont on ne parvient pas à fixer la nature.