Mardi 9 février nous étions dans l’histoire des trois États du nord, Suède, Danemark et Norvège, leur unification par la reine Marguerite contre la domination d’Albrecht, représentant des riches villes d’Allemagne du nord. Pratiquement chaque mardi de notre lecture nous découvrons un "morceau de bravoure" ; cette fois-ci c’est l’extraordinaire scène de la mort de la reine Marguerite, saisie par la peste et par la honte des maux qu’elle a infligés. Impossible de savoir si cette vision est celle du narrateur, qui réunit de la documentation pour Brecht, ou si c’est celle de Brecht lui-même.
Et, en ces jours de septembre, novembre 1939, conquête de la Pologne par l’Allemagne, partage de ce pays avec l’URSS, début du conflit entre URSS et Finlande, il est difficile de se concentrer sur l’écriture de la pièce, sur la construction de son autre héros, Engelbrekt qui conduira la révolution suédoise de 1434-36. Le narrateur a reçu pour mission d’être le messager d’un reclus, Rosner, caché au cœur de Stockholm, qui rédige l’hebdomadaire du Parti communiste. Une réclusion favorable aux spéculations, aux justifications acrobatiques de la situation. Le narrateur pourtant lui raconte la situation dans son usine, la chasse faite par les sociaux-démocrates aux communistes, la nouvelle position de force des patrons.
L’énergie de ce roman, en ces jours, est celle-ci : dans les plus extrêmes difficultés, la plus grande fatigue, alors même qu’on connait dans le présent et qu’on veut comprendre dans le passé les raisons des demi-victoires et des défaites durables, chercher encore et encore les moyens de lutter et de l’emporter. C’est cette lumière qui éclaire chaque épisode, chaque détail de la narration.