Définition produite à l’occasion d’un article écrit en coopération avec Marion Blondel (CNRS, laboratoire Structures formelles du langage) pour le numéro 11 de la revue GPS (Gazette poétique et sociale) publiée par les éditions Plaine Page. Pour mieux comprendre cette définition et en saisir les enjeux il est recommandé de lire notre article, on y trouvera des exemples, etc. On peut le lire sur l’archive ouverte HAL SHS. Le mieux cependant est de se procurer cette très belle et unique revue.
Dans notre article nous avons choisi de comparer les deux langues sous trois aspects : rythmes, silences, syllabes. Le défi était de trouver des définitions assez abstraites pour comprendre les deux langues et leurs relations, et dans les traductions de poèmes de l’une à l’autre.
Retour (périodique ou non) d’un même dès lors qu’il est sensible (visible, audible, touchable, proprioceptible, intelligible, etc.), quel que soit ce même (son unique ou combinaison de sons, de même pour les gestes, les formes visuelles, couleurs, concepts, noyaux argumentatifs, etc.), quelle qu’en soit l’échelle (mot, phrase, vers, strophe, paragraphe, laisse, texte entier, plaidoyer, etc. et leurs équivalents dans les différents domaines sensibles).
À une échelle donnée, des rythmes différents peuvent se succéder ou se superposer ; cette composition produit des effets propres, d’échelle supérieure. De même, dès lors que le rythme existe à différentes échelles, des rythmes peuvent être emboités et composés hiérarchiquement, de la plus petite échelle à la plus grande lors d’une première lecture, vision, audition, etc., et, dans toute remémoration, hiérarchiquement ou non hiérarchiquement, d’une échelle quelconque à n’importe quelle autre.
Un rythme ou une composition de rythmes produit des effets dans son domaine sensible et, par analogie rythmique, dans tout autre.
Un rythme ou une composition de rythmes, par ses propriétés de propagation d’un phénomène sensible dans une ou plusieurs dimensions d’une œuvre quelconque (d’un texte, d’un film, d’un monument, d’une démonstration, etc.) en est un des organisateurs (il y en a d’autres, par exemple l’organisation rhétorique, etc.).
Un rythme ou une composition de rythmes, par son caractère récursif, tend vers l’organisation d’une œuvre à sa plus grande échelle disponible mais aussi, dans l’ordre des effets, non plus dans l’œuvre elle-même mais dans l’univers des possibles que cette œuvre appelle, dans tout ensemble d’existants ou de possible dans n’importe quel univers.
Tout ce qui précède s’applique au presque même (l’assonance au regard de la rime, la variation au regard du thème, etc.), dès lors que celui-ci est perçu comme retour et produit donc les effets de rapprochement, d’écho, de structure, etc. produits par tout rythme.
N.B. : cette définition diffère des définitions canoniques qui toutes commencent par le caractère périodique, régulier, de la répétition : « Répétition périodique (d’un phénomène de nature physique, auditive ou visuelle) », cf. http://www.cnrtl.fr/definition/rythme. On pourrait dire de la périodicité qu’elle est seulement une aide au repérage, à la localisation et à la remémoration du même ou du presque même.