Leur absolu détruit. Leur domination décontenancée, défaite. Leurs essences, leurs natures éternelles (l’africain-ci, le blanc-ça) en feu.
Les Quelques prières d’urgence... sont dans les colonies, dix-neuvième siècle, on y est, on y parle comme il se doit, étonné, du ton de qui ne sait parler que d’en haut alors qu’il est déjà glissant dans le gouffre - "mais qu’est-ce que ce truc de nègres ?"
Tous les éléments de l’histoire sont là mais ce n’est pas de l’histoire, ni une histoire : des dizaines embouties les unes dans les autres à la vitesse des violences renvoyées.
Ce n’est pas de la dénonciation - il faut dénoncer la dénonciation, entre-soi et illusion scolastique - c’est la métaphysique et l’idylle entrelacées qui s’effondrent indissociablement.
Je ne crois pas qu’il existe une seule autre bande dessinée qui ressemble à cela.
Aucun poème non plus.
Les planches brutes, toutes, libres d’accès.
On peut les voir aussi dans une mise en page plus proche du livre, doubles pages, sur le site de Philippe de Jonckheere, et si on clique sur la loupe on voit le dessin en grand.
On recommande la lecture (augmentée d’une postface de l’auteur) de la belle édition papier aux éditions les rêveurs, 2009, ISBN : 2 912 747 44-9. C’est ainsi qu’on voit le mieux, qu’on peut aller sans être dérangé de l’ensemble au détail, de bas en haut, d’un bord à l’autre, de n’importe quelle planche à n’importe quelle autre.
Une note de lecture et de vue de son ami Philippe de Jonckheere.
Un artiste peut-il travailler avec l’institution ? Le Lièvre répond : non.
Le Lièvre de Mars se présente sur Le Portillon.
Et allez souvent visiter Le Terrier, un site créé par lui où trouver toute une galaxie d’artistes critiques.