Pour mon Descartes tira l’épée autant que pour ce Journal, lecture de Paul Kennedy, Naissance et déclin des grandes puissances. Transformations économiques et conflits militaires entre 1500 et 2000. Traduit de l’anglais (États-Unis) par Marie-Aude Cochez et Jean-Louis Lebrave. Petite bibliothèque Payot, 2004. En présentation, sept pages de Pierre Lellouche, notre député représentant des USA dans notre assemblée nationale, etc., datée de mars 1989, le mur de Berlin tombera le 9 novembre, qui refuse de trancher sur un possible effondrement des États-Unis, qui note que dans ce pays on est optimiste par nature, ah ça c’est rationnel, qui concède que les budgets militaires états-uniens sont trop insoutenables et qui conclut sur le nécessaire désarmement européen.
Présentation de l’éditeur : « Ce livre a fait l’effet d’une bombe lors de sa parution. Best-seller instantané aux États-Unis puis au Japon, décortiqué dans les chancelleries du monde entier, Naissance et déclin des grandes puissances prend, en ce début de XXIe siècle, des allures de prophétie : et si l’Amérique, superpuissance incontestée, se trouvait aujourd’hui à la veille de sa chute ? ». Sûr qu’ils se posent la question.
Comme Liddell Hart, le stratège universel, pas un mot sur les hommes. À Liddell Hart, l’oubli et la négation des exterminations, à Kennedy, dans son histoire de la guerre de 30 ans, l’ignorance des massacres, famines et déplacements de population qui font perdre à l’Allemagne la moitié de sa population.
C’est bien sûr à chaque fois hors-sujet.
C’est la marque des esprits serviles que de se focaliser exclusivement sur leur tâche. Ils sont l’employé qui ne pose pas de question sur la marche des affaires, encore moins sur l’ouvrier qui vient d’être emporté par l’ambulance.
Kennedy élogieux des finances publiques bien tenues ; il a raison, cela va avec une certaine retenue à l’égard du travail ; et il a raison, la privatisation de la collecte d’impôts est un système de corruption, d’abus et de vol généralisé. Il note aussi dans les périodes de paix la relative prospérité des campagnes et des ateliers, comme capacité contributive.
Ce qui est troublant c’est qu’il oublie dans le bilan de la guerre la disparition de la moitié de cette capacité contributive des campagnes de l’Allemagne du premier dix-septième siècle.
Il n’y a donc pas que la focalisation d’une âme à responsabilité inhumainement limitée, il y a aussi l’insensibilité, la dureté.
Cet oubli de la disparition des hommes et de leur capacité contributive, double moment de vérité : l’analyste et l’homme chutent ensemble.
Comme valets ils acceptent d’en rester à leur tâche assignée, et comme valets ils adoptent la dureté de leurs maîtres.
La guerre de trente ans (1618 - 1648) comme première guerre mondiale : non seulement parce qu’elle enflamme toute l’Europe, mais aussi parce qu’elle s’étend outre-mer - les Hollandais lancent des expéditions vers le Brésil, l’Angola et Ceylan (p.92). Je ne savais pas, Bogdan cite seulement le Brésil entre deux virgules, p.199. Trouver plus d’infos. Un poème des mondes lointains proches.
La paix de Cateau-Cambrésis de 1559 entre l’Espagne et la France est une paix des deux banqueroutes, p.102. Poème de banqueroute.
Septembre 1628, désastre de Matanzas, le corsaire hollandais Piet Heyn capture la flotte espagnole et tout l’or dans le ventre des bateaux, l’Espagne perd dix millions de ducats et doit ralentir son effort de guerre (p.103).
Sully selon Kennedy, pp. 118-119 :
La richesse latente de la France apparaît clairement au début du XVIIe siècle, lorsque le grand Sully dirige l’économie et les finances de l’État. A l’exception de la paulette (droits sur les charges héréditaires), Sully n’introduit pas de nouveaux dispositifs fiscaux ; il révise le système de collecte de l’impôt, fait rentrer dans le rang des milliers d’individus qui prétendaient illégalement à des exemptions, récupère les biens et les revenus de la couronne, et renégocie les taux d’intérêt de la dette nationale. En quelques années, il équilibre le budget de l’État. En outre, anticipant sur Colbert, Sully s’efforce d’aider l’industrie et l’agriculture par divers moyens : il réduit la taille, il fait construire des ponts, des routes et des canaux pour améliorer les transports, encourage la production de vêtements et crée des manufactures royales pour produire des marchandises de luxe destinées à remplacer les biens importés, etc.
Page 120, la Fronde et la banqueroute. Mais imprécis, on croirait lire un article de Business week. Me faut aussi lire une histoire de la Fronde et les Mémoires du Cardinal de Retz.
Cujus regio, ejus religio : tel Prince, telle religion. L’application de ce principe territorialise l’affrontement entre catholiques et protestants et enflamme l’Europe. Doctrine apparentée à l’Érastianisme ?
Passage non retenu dans le chapitre « La nature sans l’homme » de l’édition définitive de 2007. Sera peut-être retenu dans le quatrième volume de ce Journal. Certainement, matériau pour Descartes tira l’épée.
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Journal de la crise de 2006, 2007, 2008, d’avant et d’après, effondrement jour après jour.
Publication intégrale de 2006 sur le site de Laurent Margantin, Œuvres ouvertes. Voir la présentation et le sommaire avec les liens directs vers les chapitres.
On trouve l’édition définitive de ce premier volume, 2006, chez publie/net (papier et numérique) ; la version papier se commande en librairie.<br
Quelques-unes de mes sources.
Un entretien à propos de ce Journal.