J’ai trouvé le blogue de Paul Jorion grâce à Contre Info où ses chroniques furent régulièrement reprises [1].
Paul Jorion a vu venir la crise et l’a analysée dès ses débuts. Il fait partie de ceux qui démentent l’assertion crapuleuse « personne n’a rien vu venir ».
Et pour cause.
Il donne, en ouverture de son site personnel, une idée de ses profondes et variées connaissances, de ses découvertes, de ses contributions originales - un parcours intellectuel dans le fond cohérent, il s’en explique dans un long entretien qui va de l’anthropologie des savoirs à celle de la formation des prix, de l’intelligence artificielle au devenir de l’espèce humaine.
Par quel hasard s’est-il trouvé justement chez Countrywide dans l’ultime euphorie, basculement, effondrement ? - et précisément chargé d’étudier la formation des prix ? Il le raconte d’abord comme le fruit de circonstances, ensuite comme un destin d’époque.
C’est sur son site qu’on trouve analysés en temps réel les tournants techniques fondamentaux de l’effondrement. Par exemple, la liquidation du 15 septembre 2008 . Ou le tour de passe-passe comptable du 2 avril 2009, événement bien plus décisif que la comédie du dit "G 20" qui eut lieu le même jour et dont le tintamarre creux a été oublié depuis.
On ne lit pas que les articles, les commentaires aussi. Paul Jorion sait tenir une question ouverte, comme table ouverte, et des contributeurs émergent qu’il fait monter en haut de page, en "billet invité", son blogue change, devient ébauche de collectif.
Beaucoup de propos raisonnables. Mais je suis prêt à parier que ce qui lui donne l’énergie de chercher, et de cette façon, sans considération pour les opinions dominantes, vient de sa conscience aiguë du gouffre dans lequel nous sommes en train de plonger. Il raconte ainsi un bref échange avec des journaliste d’Arte (qui par la suite n’ont rien passé de 90 minutes d’entretien) : « Quand j’ai dit (...) que la situation actuelle faisait peur, et qu’ils m’ont demandé de préciser, j’ai dit “ J’ai peur d’avoir des enfants qui crèvent de faim ! ” Ce que j’ai lu dans leurs yeux, ce n’était pas de l’incrédulité mais plutôt de l’inquiétude, et cette inquiétude ne portait pas sur l’économie ou sur la planète, mais sur moi personnellement. »
Sa position de fond (lire Les tâches et les responsabilités qui sont aujourd’hui les nôtres : il part de la formule de Schelling, "l’Homme est le moyen que la nature s’est donnée pour prendre conscience d’elle–même". L’homme est en train de maîtriser la nature. Mais l’économie a encore, pour l’instant, échappé à cette maîtrise : "l’économie reste encore entièrement à domestiquer". D’où son idée d’une "constitution pour l’économie".
On trouvera sans peine des crétins pour caricaturer ce travail ; même, pour prétendre que rien n’est proposé. Il suffit pourtant de lire.
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Journal de la crise de 2006, 2007, 2008, d’avant et d’après, effondrement jour après jour.
Publication intégrale de 2006 sur le site de Laurent Margantin, Œuvres ouvertes, tous les lundis et jeudis. Voir la présentation et le sommaire avec les liens directs vers les épisodes parus.
Quelques-unes de mes sources.