Visiter le blog de Michael Shedlock, c’est comme monter au sommet d’une tour de guet, s’assoir et écouter le guetteur sarcastique.
On assiste à un combat ; ou plutôt, une correction.
Il convoque le mauvais élève, l’expose, lui fait faire trois tours sur lui-même, le gifle.
Sa méthode : prendre une nouvelle, citer longuement un journal, un commentateur, une source statistique et l’entrelarder d’interprétations, de faits, de contre-citations.
Imaginez. On est début août 2007. Le GEAB affirme, depuis son n°15 (15 mai 2007) que "l’économie US est déjà entrée en récession au premier trimestre 2007". Dans la presse économique, tous les indices sont au vert. Comment s’y retrouver dans ce brouillard ? Faisons un tour sur le blog de Mish (contraction de Michael, alias Mike, Shedlock). Et voilà les statistiques du chômage US mises à nu.
Jamais. Vous lisez bien : jamais je n’ai lu la moindre notice sur la construction des indices du chômage aux USA, à l’occasion de la publication d’un "bon" ou d’un "mauvais" chiffre.
Bien sûr, après, on regarde d’un drôle d’air tel journal qui se dit "de référence" et on se demande pourquoi on l’a acheté. Et on s’en passe de plus en plus.
Rien non plus dans la presse critique - encore moins la radicale, elle ne s’abaisse pas à ces détails triviaux.
Mish a fait campagne, lors de la présidentielle qui a vu l’élection de l’homme de Wall Street, Barack Obama, pour Ron Paul, un libertarien, qu’on classe de ce côté de l’atlantique à l’extrême droite.
Chacun pour soi. Pas d’État. Liberté économique complète. Et donc grosse colère contre les monopoles, contre les banques qui sucent l’argent du contribuable. Pour eux, le régime de G. W. Bush, encore trop socialiste.
On bénéficie de leur esprit critique.
Comment se fait-il que ce soit de côté-là que sont venues le plus tôt, et de façon continue, instruite, les analyses de l’effondrement en cours ?
Je suis navré que manquent, dans la soi-disant critique du capitalisme, ce sens du détail, cette pédagogie de la technique qui dépouille les puissants de leurs prétentions, de leurs impositions.
Et j’entends aussi la violence de la critique, en résonnance singulière avec la violence de la dictature financière. On ne l’entends pas forcément. On est tout à la leçon. On se dit peut-être, le maître est sadique, et alors ? Le sujet est pire encore, n’est-ce pas.
Alors il arrive que cette violence s’exprime sans détour, qu’elle s’expose comme haine du soin, de l’entraide, de l’éducation, de l’hospitalité - par exemple à propos de la Californie, le 12 janvier 2008, État en faillite, en lent enfoncement, qui pousse de petits cris dans l’espoir d’être entendu et sauvé comme les "grandes banques", et dont il passe en revue le budget et propose de couper à la hache les programmes sociaux.
Journal de la crise de 2006, 2007, 2008, d’avant et d’après, effondrement jour après jour.
Publication intégrale de 2006 sur le site de Laurent Margantin, Œuvres ouvertes, tous les lundis et jeudis. Voir la présentation et le sommaire avec les liens directs vers les épisodes parus.
Quelques-unes de mes sources.