Il y eu, début 2010, un projet extraordinaire de transformer le monastère de Saorge en hôtel de luxe ou en résidence somptueuse. Des années après, on en rit encore, on en est en fureur encore. Il y eu donc tollé et pétition. Le projet, dans le style Sarkozy, fut abandonné, on n’en parle plus. Mais ce que j’en ai pensé je le garde ici, comme signe d’époque. Comme pierre précieuse qui concentre en elle tout de son temps au moment même où elle cristallisa.
Je suis allé plusieurs fois au Monastère de Saorge.
J’y ai écrit, avancé de façon décisive, Descartes tira l’épée, Les Ambassadeurs.
La Nasse y fut jouée.
C’est à l’invitation de Jean-Jacques Boin, son administrateur, que Changeons d’espace & de temps y a été présenté la première fois, que les manuscrits de Un Hymne à la paix (16 fois) peints par Anne Slacik y ont été exposés, etc.
À Saorge j’ai rencontré Michaël Glück, Beatrice Monroy, Dennis Nurkse, Beth Bosworth, Donal McLaughlin, Danielle Fournier, Hélène Sanguinetti, etc. ; ces rencontres ont toutes données lieu à des coopérations : traductions, entraide dans la lecture de manuscrits, participation à écriture collective...
Saorge, c’est l’hospitalité, un esprit d’accueil, de tranquillité, d’étude, d’amour de la littérature, simplicité, travail, le temps et la force d’écouter les voix qui viennent dans l’écrit.
Nous sommes nombreux à savoir tout ce que nous devons à ce lieu et à son esprit, à l’hospitalité de son équipe, aux habitants du village, aux rencontres faites dans la vallée de la Roya, aux torrents, à la très grande montagne, aux nuages, au silence, au cloître ouvert aux ciels.
Eh bien, c’est cette résidence d’écriture qui est visée.
Elle laisserait la place à un hôtel.
Le Monastère de Saorge a été inscrit sur une liste de monuments qui pourraient être livrés en tout ou partie à l’hôtellerie, à la restauration, aux plaisirs distingués de personnes venues respirer l’esprit là-même où il a été étranglé.
Diffusez cette nouvelles s’il vous plait. Lisez les arguments avancés par les habitants et les résidents, signez et faites signer la pétition.
Que vous soyez écrivain ou non. Faites passer à votre famille, à vos amis, à vos collègues. C’est pour tout le monde. Au reste, je ne crois pas qu’il y ait d’autonomie des artistes, des écrivains, des intellectuels, encore moins de liberté d’inventer et de critiquer, sans rires ni colères populaires.
Merci !