bien sûr que c’est possible
États-Unis, 9 juin 2015, une étude de Mark Jacobson et de ses collègues :
d’ici 2050, toute l’électricité en renouvelables
sans un gramme de nucléaire
ni de charbon ni de gaz ni de pétrole d’aucune sorte
regardez, le Maroc, aujourd’hui, 2015, les énergies renouvelables produisent 6 % de l’électricité
ils veulent en produire 42 % d’ici 2020
ils y arriveront
France, avril 2015, un rapport qui était gardé caché resurgit
oui, oui, oui, on peut avoir 100 % d’électricité renouvelable d’ici 2050
il y en aura
des tissus photovoltaïques
et des vitres photovoltaïques
il y aura
l’énergie pesanteur
la plus universelle
indépendante du jour et de la nuit, des vents et des marées
transformée en électricité par cellules piézo-électriques
et celle de tes propres mouvements
et celle des roues sur les chaussées
il y aura des hydroliennes fluviales
sous l’eau comme de gros poissons paisibles
il y aura, à 600 mètres, en haut
des ballons creux avec une turbine dedans
il y en aura, peut-être, des trains dans des tubes sous vide
à toute vitesse
sans frottement
et des pales d’éoliennes comme des ailes de chouettes
non turbulentes
silencieuses
ils nous feraient tourner la tête, ces moulins
et dans la nacelle des géantes au loin, au large
même dans celle de petites, au fond des jardins
il y a un générateur, dans le générateur un aimant permanent
fait de fer – fer produit par fusion du silicium au centre des étoiles massives
dispersé dans le cosmos quand elles explosent en supernovas
poussières rassemblées par gravité dans des blocs tournoyants
qui formeront des planètes –
aimant fait de fer et de bore – le bore, peut-être le produit d’interactions entre des gaz stellaires ou galactiques et des rayons cosmiques de haute énergie –
de fer, de bore et de néodyme –
le néodyme, terre rare, le néodyme, dopé au dysprosium –
le dysprosium, très difficile à obtenir –
ah, trouver quelque chose d’autre, bon sang !
oui… l’entraînement direct, le générateur annulaire
à excitation indépendante
et le lithium de tes batteries à chargement rapide, d’où sort-il ? de quelles mines ?
tu es sûr qu’il y en a pour l’éternité indéfinie de la consommation ?
les réserves, quelques millions de tonnes –
elle est belle, ta voiture électrique
du calme : pour commencer consommer moins
et boucher les trous des passoires à énergie
et multiplier les alternatives
nos trouvailles, nos sociétés
les faire passer du folklore et de la marge à la majorité
heureuse
cependant les inventions modestes ni les sophistiquées
ni les parcimonies astucieuses ni les alternatives joyeuses
ne l’emporteront, ne deviendront l’ordinaire
toutes se heurtent, se heurteront
aux tenants
du pillage universel
il faut déposséder les possédants de tout
leur reprendre les ressources qu’ils dilapident
leur reprendre les décisions qu’ils prennent à notre place
et quand on s’en sera sorti de justesse, deux degrés et quelques, juste avant l’emballement
sobriété et attention au vivant partout
et déjà l’humus en reformation, les terres absorbant à nouveau le carbone
il se trouvera des triomphants pour dire vous voyez bien, c’était une farce, tout ça, reprenons le bizness comme avant !
Extrait de Climats, pages 73-76 de la première édition, 72-75 de la deuxième.
Climats a été publié en novembre 2015 aux éditions publie.net. Une deuxième édition, revue et corrigée, léger changement de titre, Climats, épopée, paraîtra le 19 mai 2021 chez le même éditeur. Elle sera accompagnée d’un CD, musique composée improvisée par Fred Wallich (saxo, électro-acoustique) et Philippe Saliceti (piano).
On peut commander en librairie ou dès maintenant en prévente directement chez l’éditeur.