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je remercie Cécile Wajsbrot, la romancière de Mémorial, du cycle « Haute mer », dont la commande a réveillé tout un monde qui grognait dans l’attente de retrouver l’air libre
je remercie Élodie Barthélémy, associée à l’écriture de cette épopée, sculptrice de Jalouzi qui fait regarder à l’intérieur, installatrice du Volubilis dans lequel on se couche pour écouter, et en mémoire de Mimi, conteuse et conteuse d’épopées
je remercie les amis d’Écobilan, plus spécialement ceux qui m’ont initié aux matrices et aux boucles, les merveilleuses boucles (pour produire de l’électricité il faut aussi de l’électricité et cette électricité il a fallu la produire, et ainsi de suite)
je remercie aussi mes profs de neurophysio qui m’ont initié aux boucles de rétroaction positives et négatives
mais mes premières connaissances des boucles, des nœuds, de leurs extensions possiblement infinies, je les dois d’abord à ma mère, Élisabeth Jouguet, dont les doigts armés d’aiguilles et de fil tricotaient et crochetaient inégalablement, très vite, point de sable, maille rivière, point d’astrakan, point noué peut-être
et je remercie, nous tous remercions Svante August Arrhenius (1859-1927), l’inventif, le minutieux qui découvrit l’influence de la concentration du dioxyde de carbone dans l’atmosphère sur le réchauffement de la planète, mais surtout que ce sont les rétroactions, les actions en retour, ces événements liés, en boucle, qui font qu’une action initiale est renforcée par ses effets, créant un emballement vers quel nouvel équilibre ? ainsi, démontra-t-il, dès 1896, qu’une faible augmentation de température, juste suffisante pour accroître l’évaporation, enverrait davantage d’eau dans l’atmosphère, eau, vapeur qui retient la chaleur, ce qui augmente l’évaporation qui augmente la température qui augmente l’évaporation qui augmente la température, et ainsi de suite, toujours plus chaud – il résolut les équations à la main dans tous les cas de figure, montée en chaleur, baisse vers le froid, et le doublement du dioxyde dans l’atmosphère devrait produire une réchauffement global de 5 degrés environ, des modèles compliqués d’aujourd’hui trouvent des valeurs proches
nous remercions l’année géophysique internationale (1957-58), le SCOR (Scientific Committee for Oceanic Research, 1957-), la Commission Océanographique Intergouvernementale(1960-), le Programme Mondial de Recherche sur le Climat (WCRP) (1980-), les TOGA, le GEWEX… et le GIEC(groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (1988-)
nous ne remercions pas Fred Singer qui travailla activement dans les campagnes de désinformation sur les liens entre tabac et cancer, pour les nier, puis fit de même pour l’amiante, pour jeter le trouble et nier la dangerosité de cette pierre en fibres qui empierre les poumons, et encore, selon les mêmes techniques de manipulation du doute scientifique, dans sa forme extérieure, mais sans substance, concentré sur des arguties, essayant de créer des ouragans de doute par emballement d’un petit doute initial qu’on essaie de propager, si ceci est douteux alors cela et pourquoi pas cela encore, et ainsi de suite, et fit de même, se faisant toujours passer pour un scientifique, pour les pesticides, et qui s’employa, toujours dans le même style, payé par pétroliers et autres, à nier le réchauffement global
nous aimons et admirons Hansen l’émotif, le rigoureux qui, lorsqu’un chef des relations publiques de la NASA lui donna l’ordre de ne plus faire de conférences ni de parler aux journalistes sans accord préalable raconta l’histoire à toute la presse, James E. Hansen qui publie des articles colériques, brisant la convention universellement respectée dans les journaux scientifiques qui est d’écrire sans émotion apparente
nous remercions le peuple Munduruku qui s’oppose aux destructions de la forêt amazonienne, le long du fleuve Tapajos
...je pourrais continuer ainsi, vous l’entendez, sans arrêter jamais
mais ce qui suit n’est pas une histoire :
c’est une épopée
Climats a été publié en novembre 2015 aux éditions publie.net. Une deuxième édition, revue et corrigée, léger changement de titre, Climats, épopée, paraîtra le 19 mai 2021 chez le même éditeur. Elle sera accompagnée d’un CD, musique composée improvisée par Fred Wallich (saxo, électro-acoustique) et Philippe Saliceti (piano).
On peut commander en librairie ou dès maintenant en prévente directement chez l’éditeur.