Article 1
Entre les artistes qui veulent s’affranchir des subventions, des sponsors et autres laisses de servilité, et leurs amis qui veulent les voir échapper à ce sort et désirent l’essor d’œuvres et d’activités artistiques indépendantes des pouvoirs, sans limitations de frontières, de langue, de devises, ni de disciplines artistiques, il est constitué un FAAAA, Fonds d’Autonomie des Artistes et de leurs Amis Associés.
Article 2
Toutes les contributions (financières, meubles et immeubles) sont acceptées.
Le FAAAA ne reçoit et encore moins demande la moindre somme qui proviendrait de subvention, sous forme directe ou déguisée (contrat de recherche…), de publicité, etc. – même si ces ressources sont offertes soi-disant sans contrepartie.
Ses seules ressources sont celles accordées librement et sans contrepartie par ses contributeurs.
Article 3
Toutes les contributions sont à fonds perdu et sans contrepartie.
Notamment, le FAAAA exclut de jamais demander un statut fiscal dont bénéficierait ses contributeurs.
Article 4
Aucune contribution n’est finalisée, ni ne donne droit d’orientation ; au contraire, toute contribution vaut acceptation des buts du FAAA (article 1).
Article 5
Chaque contributeur reçoit un reçu nominal et le rapport annuel d’activité du FAAAA.
Article 6
La gestion du fonds est certifiée par un commissaire au compte et les comptes, détaillés et intelligibles, sont publiés dans le rapport annuel d’activité du FAAAA.
Article 7
Le comité de gestion est composé de sept personnes, dont trois sont des donateurs choisis au hasard, deux sont des membres fondateurs, deux sont d’anciens bénéficiaires choisis au hasard.
Il est renouvelé chaque année.
Article 8
Le comité de gestion accorde le soutien du FAAAA en priorité aux artistes et aux œuvres qui font l’objet d’une censure ou d’un ostracisme de l’art stipendié.
Il ne peut accorder d’aide aux membres du comité de gestion.
Il peut encourager l’émergence de toute autre initiative autonome des pouvoirs et des fabriques de conformisme.
Article 9
Pour repousser au plus tard toute émergence d’un académisme de l’autonomie, il est interdit aux bénéficiaires de mentionner l’aide ainsi obtenue.
En revanche, le FAAAA doit informer ses contributeurs de ses décisions, de façon complète et nominale.
Article 10
…
Message envoyé à Philippe Zunino le vendredi 5 juin 2009 à 16h12. Nous venions d’avoir, vers midi, une bonne conversation au cours de laquelle surgit cette idée.
Nous avons déjà partagé deux lectures publiques de La Nasse - et les discussions sur les académismes contemporains qui vont avec.
Et cela fait déjà une bonne paire d’années qu’il détricote les relations entre art et argent.
Préparant une prochaine éditions des Grosses Têtes de l’Art, parlant des baisses de subventions, des lâchetés et courages que la situation politique nouvelle révèlent, nous est venue l’idée de cette œuvre collective, le FAAAA, et de tout ce qu’il pourrait engendrer de manifestations, de créations, de relations aux publics.
Le FAAAA est présenté ici de manière délibérément formelle et concise. Les oublis et les impasses sont éclairés d’autant plus crûment.
L’article 10 n’a pas été rédigé. Invitation à poursuivre. Mais aussi aporie : je n’ai pas su écrire - "Article 10, le FAAAA s’auto-dissout dès que l’argent et le pouvoir engendrés par son action produisent cupidité et conformisme en son sein et autour." C’est évidemment une impossibilité logique. Par laquelle il naîtra ou non, grandira et crèvera ou non.
À vos arguments !
*
Pages FAAAA :
- sur le site de Ph. Z.