Première laisse de la troisième partie, moment où se trouve cette image de la nasse qui donnera son titre au poème dans son ensemble.
Les citations, en italiques, sont extraites de Libre-échange, l’ouvrage dont on rend compte.
III, 1
…les productions les plus autonomes
sont dépourvues de marché et ne peuvent se passer
de l’aide publique.
Allons ! le public
jamais ne serait valeureux ?
L’élite
impunément pourrait
se baptiser elle-même
élite ?
Regardez les artistes, braves poissons
à la recherche de pitance
de reconnaissance surtout
et pourquoi pas celle du filet, du pêcheur,
de la poêle pleine de tomate et de piment ?
Ils appellent cela pudiquement "un public"
mais ajoutez : « qui ne me dise pas non
quand je brame solitude, trouvaille, génie,
Art, œuvre, mon œuvre, moi ! »
Ils vont se mettre en sécurité
dans un lieu où tout est organisé,
où la table est mise et la glose surabondante
sur les modèles à suivre ou désuivre.
La conclusion va de soi :
les entreprises culturelles
ne peuvent exister et subsister
que grâce à des fonds publics.
Ainsi ils sont allés eux-même, d’une nageoire ferme,
"car c’est la règle du jeu"
dans la nasse
où il n’y a d’autres qu’eux
et ceux qui partagent
leur cinéma.
Doux poissons, fallait-il vraiment aller là
dans la main de l’État ?
N’y avait-il pas pitance à chercher ailleurs
dans l’océan, et mettre le sonar,
comprendre l’eau, les algues, le passage des vagues,
les courants, la vie des gros et des petits poissons ?
La Nasse, IV, 2, C’est l’argent (...) qui a délivré l’auteur (...)
La Nasse, IV, 3, Nous irons où nous voudrons, librement
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