IV, 3
Nous irons où nous voudrons, librement,
sans souci des interdits édictés par notre milieu même.
Nous irons comme nous voudrons
de façon que ce soit amusant, qu’on en trouve
du plaisir et que cela donne du plaisir au public [1]
ou du dégoût, s’il y a lieu
et l’envie de sortir la tête hors de l’eau.
Certainement nous ne nous limiterons pas
à la dénonciation des poussières dominantes.
Il y a toujours à apprendre des oiseaux, des fleurs,
des poissons. Il y a des vies à prendre sous l’eau,
dans la savane courante, à la pointe des couteaux.
Il y a l’absence, la vie brouillée d’inanité sonore.
Le vide fou, à combler, entre ce qui se dit
publiquement de nos vies et ce qu’on en vit.
Il y a le silence. Les dents serrées. Le dernier souffle.
Il y a des vies bavardes, à la recherche de la recherche,
et les beautés de la logique tricotée —
tout cela qui donne du jeu, fait voir la lumière,
le devenir, le désenchantement, l’angoisse
d’être humain et d’aller sans avoir eu le temps.
Tout cela qui crée la distance et permet de voir
dix fois, vingt fois ce qui est et serait
dans les mondes possibles, refaits, à refaire
et à reprendre, recoudre, à recommencer
toujours, toujours là, toujours jamais là.
La Nasse, III, I, Les productions les plus autonomes...
La Nasse, IV, 2, C’est l’argent (...) qui a délivré l’auteur (...)
Toute la quatrième partie de La Nasse, "Sortir", sur remue.net.
Tirage courant épuisé. Tirage de tête aussi.