Texte écrit en introduction aux Ambassadeurs de Martial Verdier : de l’œuvre de Hans Holbein à la sienne.
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Les ambassadeurs est le titre de ce double portrait de Hans Holbein le jeune. Jean de Dinteville à gauche du tableau, barbu, rêveur, le regard perdu dans la longue attente de la pose, portant un immense costume, robe courte, épaules bouffantes, fourrure blanche, manches roses, un bras posé près d’un globe ; il a voulu avoir auprès de lui son ami l’évêque Georges de Selves, vêture luxueuse noire tombant aux pieds.
Ambassadeurs ils le sont, le seront ; Jean auprès d’Henri VIII d’Angleterre, à Londres où cette toile est peinte ; Georges bientôt à Venise.
Sont disposés entre eux, richement, un globe terrestre, un globe céleste, des instruments de connaissance par géométrie de la terre et du ciel et un luth, presque un demi-globe.
L’étrangeté est cette forme, au centre elle aussi, entre nous et eux, suspendue en l’air, peut-être un os creux (holbein), à y regarder de près la représentation anamorphique d’un crâne. La mort jetée dans la foire aux vanités. La mort et le peintre dans la toile. Toute représentation comme énigme, à regarder longtemps.
Ainsi des portraits donnés par Martial Verdier.
Ambassadeurs ils sont, venant de loin, étrangers ; ils viennent au-devant de nous et parlent.
Il y a eu déchirement, l’être est resté et l’image s’en est arrachée, vite. Entre l’image et l’être tous les rapports sont possibles.
L’expérience est celle d’une photo, la reproduction d’une vue et ce qui en résulte – nous séparés d’un être qui persiste et le regardant longtemps.
Les Ambassadeurs est une série de portraits par Martial Verdier.
C’est aussi un livre publié par Gwen Catala éditeur ; on le commande ici.