C’est un personnage méchant, un typographe qui réussit,
par ruse, à voler l’hérédité de la famille qui l’a élevé
comme un petit-fils.
(…)
“Les dunes” (c’est le nom du restaurant)
sera le lieu d’une recherche du temps perdu
sous forme de farce, pour célébrer l’absence de respect
pour la mémoire qui caractérise la race Sicilienne.
Ils voudraient que tu leur doives tout.
Dette infinie. Remboursée jamais.
Esclave.
La délivrance : un coup de force. On annule
toutes les dettes.
On ne reconnaît plus rien.
On dit : la dette qui esclavagise n’en est plus une.
Effacée !
On efface la mort. On trahit. Trahir
est un devoir. Un art.
Soutenu par une longue tradition.
Les autres, ils disent qu’ils payent leurs dettes.
Mais non ! Ils ont peur !
Ils sont fidèles, obéissants.
Nous avons des histoires de trahison.
De paroles trahies, travesties.
De libération des promesses mortelles.
De délivrance des serments asservissants.
Le culte des ancêtres ? On en rit !
Des ancêtres aussi on se débarrasse. Des mémoires
accumulées ; autant dire : des dettes accumulées.
Des accumulations de dettes infinies.
Non seulement débarrassez-vous du passé qui ne sert
qu’à étouffer les vivants mais aussi
élevez les petits dans le respect des courageux
qui trahirent les dettes d’esclaves, et enseignez-leur
le mépris des légendes qui enchaînent.
Recourez aux riches traditions mais à la condition
d’appeler un chat un chat, une trahison une délivrance.
Enseignez les mille et une manières de trahir.
Et enseignez les dettes qui délivrent !
Il y en a !
Celles qui lient
le frère adoptif et le jeune ambitieux
pour creuser ensemble un puits là
où les traditions disent
qu’il n’y a d’eau.
Enseignez la libre association.
Aimez le faiseur de dettes qui mérite le respect
car sa générosité n’écrase pas.
On est expert en chaînes, certes, mais aussi en déchaînements.
On vous raconte.
Tradire è onorevole
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