4.
Je me suis fait un tas de papiers, livres, fichiers. Je l’explore systématiquement, plusieurs fois, selon des ordres différents, je prends le temps de rêver d’une manière, puis d’une autre, puis d’une autre.
Dans ma documentation, je trouve plusieurs petites choses comme ça :
« Sa peau lisse et humide est couverte de petits poils, les soies, qui lui permettent de s’enfoncer rapidement dans la terre. »
(D’une association de défense des vers de terre.)
« L’ensemble jabot-gésier du ver de terre isolé in vitro présente une activité rythmique : des contractions spontanées d’amplitude relativement constante se produisent avec une fréquence régulière, de l’ordre de deux à cinq contractions par minute. »
(D’un cours de l’université des sciences de Paris-Jussieu.)
Un tambour régulier, sans autre moteur que lui-même. Un cœur (on dit qu’il en a quatre). Cet animal comme un cœur entier, dont les coups sont absorbés dans la terre.
Donc certaines cellules sont rythmiques, elles produisent le signal qui se propage à l’ensemble du muscle. Quelles cellules ? Elles-mêmes, battant selon quel moteur propre ? Etc.
Et il est capable de percevoir les vibrations du sol. On pourrait dire : il le fait vibrer et il le sent vibrer.
« Les vers de terre présentent des réactions immunitaires complexes, cellulaires et humorales, qui dépendent de cellules et de molécules présentes dans le liquide cœlomique de l’animal. Différents types de cœlomocytes y sont présents, notamment des phagocytes, dont certains sont doués de deux propriétés fondamentales de l’immunité acquise, la spécificité et la mémoire. Le liquide cœlomique contient également du lysozyme, des agglutinines, des hémolysines, des peptides antimicrobiens, des protéases et même des protéines capables de détruire des cellules cibles en formant des pores dans leur membrane. »
(Idem.)
Un ver de terre est une armée en marche capable de se défendre contre tout ce qui à chaque instant veut le détruire. Et il survit. Et son système de défense caractérise les attaquants, se souvient d’eux, détruit même les protéines mauvaises. Et il s’enfonce dans la terre, fait d’immenses galeries dans la terre.
« Le ver de terre est un animal hermaphrodite et chaque individu comporte donc simultanément des gonades mâles et femelles. Chez les animaux sexuellement mûrs, les testicules libèrent dans la cavité cœlomique des cellules reproductrices immatures, au stade de spermatogonies, qui achèvent leur maturation dans des organes spécialisés, les vésicules séminales. Les spermatozoïdes mûrs sont ensuite recueillis par un entonnoir et transportés vers l’extérieur par une paire de canaux déférents. En outre, les vers de terre possèdent des spermathèques, organes récepteurs du sperme qui stockent les spermatozoïdes entre l’accouplement et la ponte, la fécondation se produisant au moment de la formation du cocon de ponte. »
(Idem.)
Amour, amour, amour, amour. Innombrables vers de terre. Hermaphrodites ; leurs rencontres : tête-bêche.
Et ceci, pour aimer sans s’emmêler : une chose après l’autre, dans l’ordre et que chaque séquence dure son temps propre. Ce qui donne place à une spermathèque où ranger par ordre alphabétique, dos toujours lisibles, les petites semences afin de pouvoir les retrouver immédiatement et sans difficulté dès que nécessaire.
« En se déplaçant de bas en haut et de haut en bas, il peut descendre jusqu’à deux mètres de profondeur, le ver de terre mélange le sol. Il réduit et apporte au sol en profondeur des éléments présents en surface comme les végétaux morts, d’autre part il remonte du sous-sol des oligo-éléments comme le fer, le soufre, etc. Il ne touche pas aux racines et aux plantes saines. »
(www.aujardin.info)
Encore, de la même source :
« Lorsque vous retournez votre terrain, préférez la fourche-bêche à la bêche qui tronçonne nos petits amis. »
Non, nous ne trancherons pas les vers de terre !
— Et ainsi de suite.
5.
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Treize Notes pour Vers de terre ! données à Valérie Rouzeau pour le n°10 de sa revue, Dans la lune.
Elles sont reprises ici en quatre pages.
Présentation & sommaire
Page une ; notes 1, 2 et 3.
Page trois ; notes 6, 7, 8 et 9.
Page quatre ; notes 10, 11, 12 et 13.